DEMARCHE ARTISTIQUE
Artiste pluridisciplinaire, Mā Thevenin est architecte dplg, plasticienne, performeuse1.
Elle s’intéresse aux questions d’espace, d’espacements, aux relations entre vide et plein, à la sculpture du vide2, à la présence et au mouvement des corps dans des référentiels fixes ou mobiles. Son travail se réfère à la nature en tant que processus spontané, cycle perpétuel et auto-généré de transformations et de renaissances ; son projet est de mettre en œuvre la présence poétique du réel plutôt que ses représentations.
Depuis 2009, après 15 années de pratique en agences d’architecture, elle se consacre totalement à des recherches sur les relations entre le corps, l’espace et le temps : études théoriques avec la phénoménologie3, expérimentales et corporelles avec le taï-chi-chuan, les arts martiaux, la méditation et le butō4.
Entre Matière et Présence, des choses au corps et du corps à l’esprit des choses, Mā utilise plusieurs médias, essayant d’approcher l’unité du réel au travers de multiples dimensions5. Elle met en jeu le fruit de ses réflexions dans des installations/performances réunissant plusieurs formes d’expressions.
« Enfant, j’étais émerveillée par la nature, sa beauté simple et complexe à la fois : observer trois grains de poussière dans un rayon de lumière, un rocher couvert de mousse et de lichens, un morceau de bois rongé par les vers, un reflet changeant sur l’eau du torrent… Ces instants minuscules, à la fois fragiles et hors du temps nous ramènent à nous-mêmes, à notre identité profonde… »
Mā recherche en travaillant la matière à rendre perceptible la continuité organique entre le monde vivant et le monde inerte qui nous entourent, nous relient et nous composent.
« (…) car tu es poussière et tu retourneras en poussière » Livre de la Genèse6
Entre esprit et matière, nous nous interrogeons sans fin sur l’existence. L’Univers assemble puis désassemble, donne forme à des compositions successives, éphémères et sans cesse renouvelées… Apparitions et disparitions, oscillations et vibrations7 décrivent un monde en constant mouvement où tout est interactions et transformations.
Sortes d’instants-fossiles, ses tableaux s’inscrivent dans une logique de rencontre. Leurs différents matériaux (bois et pierre, végétaux, terres, sable ou cendre), sont des éléments constitutifs ou des résidus in fine d’un processus de dissolution et de fragmentation, saisis à l’instant « T ». A la fois partie du tout, aboutissement et matière première, ils entrent en résonance avec nos propres corps… ceux-ci étant composés d’atomes formés il y a des milliards d’années, ayant traversé les mémoires de l’Univers, ses cycles de mort et renaissance, ses chemins de vie et transformations.
Chaque tableau, chaque sculpture, chaque performance tente d’être un lien, une passerelle, un fil ténu entre le Visible et l’Invisible. A travers ce travail, Mā cherche à relier les mondes sensibles et immatériels, dans une ainsité où se résorbent les spéculations conceptuelle et métaphysique. Par ces fragments assemblés et mis en résonance, l’attention est portée sur ce qui est « entre », ces vides qui relient, ouvrent, permettent respiration et dialogue.
La pratique du buto, l’expérience consciente du corps et du mouvement, lui permettent de tisser des liens entre ces différentes temporalités. Ancrés dans une réalité matérielle apparemment solide, mais évoluant dans le temps insaisissable d’une incessante succession d’instants-de-conscience éphémères, le corps évolue dans un espace multiple. Structures éphémères, fragiles édifices, centres de présence, nos corps marchent en équilibre sur le fil du présent…
Accueillir ce qui est ;
Témoigner d’une présence ;
Saisir un fragment du temps, la fragile trace de l’instant présent…