POÉSIE

par Mā  -  30 Mars 2024, 14:55  -  #Textes

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Gargouilles

 

Parlez vous Crapaud ?

...

Nous parlons gargouilles ; anguilles Fines et velues

Avec nos Oursins plein les poches au pied de la Grande Ourse

Abr-ou-eille ouvri-euse barbil-lonnant -

Buvant les Ecarquilles aux fourneaux des Esquifs

Tourbillonnant les Papilles

les Pupilles

des Papillons

 

Embuscadés dans les récifs coraniques

Aux coraux blanchissants de crabes écrabouillés

Aux béances du ciel

 

Dribbler, sauter, bousculer

Droit au But !

Faire Simple.

 

Ah, l'Envelochée

Echevelée du débutant…

 

Mā Thévenin

Le 15 Avril 2024

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Pirouette

 

Les mots sont comme des ciseaux

Je classe, je trie, je range

Droite et gauche, rouge ou vert

Voulez-vous mes étiquettes ?

 

Je les vends très très chères

Avec leurs petits cadres bien fermés

Dans les casiers judiciaires

Anges dé-rangés

Dans les boîtes à Malice

D’Alice

 

Arrgh Bzzzzz Vrrrraoum

Le vent est lisse

La feuille m’a emporté

Sur son dos de Plumes

 

Mā Thévenin

30.03.2024

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Soleils couchants

(les étés palavasiens)

 

 

Dans les méandres du fleuve endormi,

Sous le reflet immobile du ciel si vaste,

L’eau se trouble des fantômes en ruines

D’un monde rêvé

Enseveli dans la vase et les détritus de l’âme.

 

Toujours là,

Ce désir sous-jacent de Vie Jaillissante

Espérant

Les caresses célestes…          

Des bulles minuscules dans l’eau croupie des étangs

Forme des miroirs d’ombres

Où dort sous les décombres,

le Monde d’après…

 

Mêlés à la foule,

Des Êtres conscients, inconscients, impuissants,

Tournent

Dans les manèges aux plaisirs

Rugissant leur ennui à la face des jours

Cherchant l’avenir, quêtant l’oubli

 

Des forains abrutis de fatigue

S’accouplent avec des machines à rêves

Des machines à sous

En pilotage automatique de leurs vertiges         

 

Les enfants ne peuvent pas dormir

Bientôt de leurs extensions

Des Intelligences Artificielles greffées de silicone

Si parfaites et conversationnelles

Voilées ou dévoilées au choix

Serviront de maman.

 

Le cœur écrabouillé

Entre le marteau et l’enclume

Du fond de mon lit j’entends les musiques mécaniques

D’un été post-industriel

 

Les basses technos qui martèlent

140 battements par minutes

Les voix métalliques

Inhumaines

Inorganiques         

Insipides

Insignifiantes

Stupides

 

L’écho hurlant d’un monde à la dérive, sans nuances.

 

En rêve je me lève et je vais

Dans l’eau croupie des lagunes

Au milieu des algues lentes et des crabes agrippés

Simple matière molle, indifférente ou fertile

Disparaitre Inconsciente dans le grand compostage

De nos expériences entrecroisées

 

Corps   Sans   Organes

Lancé sans trajectoire dans le cosmos

Ecran sans projection lumineuse    Trou noir    Absence

Mots d’une langue morte     

Vide troublant

 

Quelque chose ou quelqu’un cherche

Comment sortir de l’Ombre d’O

et du Désordre des Ordres

Initiatiques

 

Marcher enfin sur la Poussière

des Os broyés de Dionysos.

 

 

Mā Thévenin

Le 24/04/2023

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Délivrance

(dans le miroir de la nuit)

Cantique des Ténèbres

 

 

Mère de toutes les Mères

prête-moi tes yeux s’il te plaît

pour que je regarde à l’intérieur de moi

le visage de la Mort

 

Parmi les visages oubliés de mes amants,

de mes amis, de mes frères, de mes ennemis jurés

l’un, sans nom, n’a pas de masque et a emprunté

le visage de la nuit.

 

C’est celui-là même que je cherche.

il s’est caché dans mon dos

il s’est agrippé à ma nuque

il a fendu mes entrailles

avec son couteau de glace.

 

Je cherche sa mère, ses sœurs

je veux lui ôter la vie.

 

Mes pupilles se retournent dans mes orbites

pour voir de l’autre côté de mes paupières closes

l’endroit exact où s’est formé son ombre

- fins filets de lumière noire -

traversant l’opercule de mon crâne.

 

Car derrière cette béance

J’espère l’atteindre.

 

Mère de toutes les Mères,

Celle qui voit les drames non-encore éclos,

Celle qui voit le vaste monde s’emparer des fils

tirant sur des marionnettes disloquées,

dressées à obéir

Garder les yeux baissés et la bouche cousue

 

Aujourd’hui tu me prends dans tes bras

tu me berces

Je réclame la justice de tes yeux

qui ont écrit tant d’histoires dans mes pupilles

des histoires d’abandons, d’exils,

de malédictions sur plusieurs générations.

 

j’ai tué de mes mains

mes œufs à peine formés

pour ne pas devenir toi

en donnant au monde

la chair de ta chair

 

Je ne voulais pas que tu aies raison

et devenir une simple écorce vide

une coquille fendue et amère

une victime criant l'injustice

 

Aujourd’hui j’affronte ta colère implacable

je cherche la confrontation de tes yeux

la folie de ta rage

 

Je n’ai pas respecté les règles qu’on donne aux machines

les robots qui reproduisent les fantasmes

clouent les croyances,

reconduisent les ordres et les programmations neuronales.

 

Je cherche le fer de tes yeux

parce qu’après m’avoir remplie de cendres,

de tes peurs, de tes misères et de tes colères,

je souhaite leurs canons profonds, rapides, fumants.

 

Mais quel monstre est tapi à l’arrière de mon crâne ?

Qui pourra m’en délivrer ?

 

... Dans la rivière des larmes

j’attends de l’aube

l’eau pure de sa lumière éphémère

pour laver un à un, chacun de mes os.

 

Mā Thévenin

Le 12/12/2022

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Prière

 

A ceux qui croyaient au Ciel

A ceux qui n’y croyaient pas

 

A ceux qui croient à la Terre

au réconfort de ses chaudes mamelles

à son manteau de lave bouillant

au feu obscur de ses entrailles

au magma brûlant de la moëlle de ses os

 

A ceux qui croient qu’un dieu démembré

a donné son corps pour former les roches

les astres, les herbes, les arbres et

tout ce qui se meut sur la terre

 

A ceux qui croient qu’un dieu

leur a donné une âme

un souffle

un esprit divagant

sur les eaux tumultueuses du chaos de nos origines

 

A ceux qui croient en la Vie

A ceux qui croient en leur Corps de Chair

A ceux qui croient en l’union du Ciel avec l’Enfer

 

A ceux qui gardent leurs poings serrés autour de quelques grains de sable

A ceux qui luttent et se battent

A ceux qui résistent

A ceux que la rage fait tenir sans desserrer les dents,

Je dédie cette prière.

 

A ceux qui en dormant vont nourrir leurs racines terrestres de leur cocon de Soie,

Je dédie cette prière.

 

A ceux qui donnent leurs corps aux Oiseaux,

A ceux qui croient en la dispersion des cendres dans le Vent

Jetant à la face des Etoiles leurs dernières poussières

dans l’Univers

Je dédie cette prière.

 

... Inspir ...              .... Expir …   

…   E X  P  A   N  S  I O N   …

 

Aux Êtres Humains fragiles

Si minuscules graines de plume

A nos âmes toujours emportées par les grandes migrations

 

Mā Thévenin

Le 5/12/2022

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Marchands de rêves

 

 

Dans les usines des marchands de rêves je me suis égarée, docile,

parmi des milliers d’esclaves au regard fixe fuyant la misère du jour

caméléon jouant à cache-cache

avec le dossier réglable de ma chaise à roulettes

glissant à mes poignets des menottes invisibles

enlaçant mon crâne avec le clavier ergonomique.

 

attirée par la gravité,

je fabriquais des plans techniques, des projets « sexy » et des images érotiques

des machines à habiter

des machines à dormir

des machines à rêver et faire l’amour

ou les deux

 

il ne fait plus ni nuit ni jour

dans la maison de Oui-Oui au paradis

l’Argent se mange en paillette

 

pour quatre-cent-mille euros tout est toujours parfait

rien ne dépasse.

rien ne se passe

rien ne s’est jamais passé.

 

les accouchements sont propres et sans douleurs

les animaux n’ont pas d’odeur

on ne voit pas leurs dents

ni les tuyaux d’évacuation des déjections

ni la merde sous les encombrements des fondations

ni la couleur de la terre

ni les morts ni les guerres

enfouies sous les graviers…

 

la pelouse est toujours parfaitement jeune, verte et bien rasée

le soleil est au couchant, et la nuit, merveilleusement étoilée…

partout et pour toutes les surfaces,

des brumisateurs d’Or

des teintes nacrées à volonté,

envoûtantes et mystiques

des filtres velouté et des options magiques…

 

vous faire croire, vous faire accroire, vous faire rêver…

dresser vos désirs dans la bonne direction

toujours plus loin, plus fort et plus longtemps

 

Faites tourner la machine à hélice de vos portefeuilles électroniques

laissez circuler les flux monétiques et glisser les peaux lissées

les transferts d’argent se font en NFT

 

Appuyez doucement sur l’accélérateur –

 ( la fusée va décoller )

pour un voyage dans l’espace

venez nager dans nos bulles de champagne…

              

vous pouvez continuez à dormir,

on s’occupe de tout pour Vous

Soyez heureux

continuez à rêver…

Mā Thévenin, 26/10/2022

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La caverne 

 

 

L’Ombre qui dort dans mon ventre

Parfois se réveille et mord

 

L’Ombre attend

L’Ombre me suit

L’Ombre me tire par la queue

L’Ombre me singe

L’Ombre me harcèle et me tend des pièges

 

L’Ombre est cachée dans le verre à dent

L’Ombre n’est pas mon Roi

 

L’Ombre se projette sur les murs et crie

« Je ne suis pas Toi »

« Je ne suis pas Toi »

« Je ne suis pas Toi »

 

L’Ombre souffre et se tord

Me traîne à ses pieds et prend ma place.

 

Elle marche partout où je vais et où je ne vais pas

Elle met mes habits et dort dans ma chambre

Elle joue avec ma guitare

 

Elle s’est présentée à mes parents.

 

Désormais,

Elle est MON ombre.

 

Alors,

Je la prends dans mes bras,

Et je la berce.

 

Mā Thévenin, 31/07/2022

POÉSIE

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Le château intérieur

 

 

 

Marcher sur un fil

D’incertitude

 

Dans le château intérieur

Vidé de ses fantômes

 

Errer d’une pièce à l’autre

Fabriquer un chemin de Soie

 

Ordonner le brouillard

Dissiper les brumes

Construire

 

Les dunes aux géométries variables

Aux figures incertaines

 

La main qui œuvre hésite

Tissant le fil – vibrant

Qui nous relie

 

Apparition / dés-apparition

Miroitement du fil   fragile

 

L’architecte danse sur sa toile…

 

Mais         

Qui tient le Vide ?

 

 

 

Mā Thévenin, le 07/06/2022

 

 

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Le sang, la peau, la sève

 

Mon Cœur est Juif

Mes Pieds sont Musulmans

Ma Couronne est Chrétienne

 

Et dans ma boîte crânienne

Mes cheveux volutent   Fées

Mes doigts glissent   Serpents

Ma langue parle   Sorcière

 

Quelqu’un compte jusqu’à trois

Nos yeux plongent   Océan Immense

Nos sangs grondent   Ecorce Terrestre

Nos âmes scintillent   Cristal de Neige

 

Un, deux, trois 

A notre Mère Terre

A notre Père Voûte Etoilée

A Ce qui est Tout / à Ce qui n’est Rien

 

Au Souffle qui nous étreint

A l’Esprit de nos Os dansant dans le Vent

A ce qui nous ouvre et nous libère…

 

Mā Thévenin, le 09/11/2021

 

꙳ ꙳ ꙳

 

Aujourd’hui

 

 

 

Je retire du milieu de mes os

Les longues aiguilles

Les dards plantés

Les crans d’arrêt

Les brisures de verre

Tous les grains de sable

Un à Un

 

Les crissements

Les craquements

Les coassements

Les insultes

Les mépris

Les regards en coins, effilés

 

Les rugissements

Les dents des lionnes

Les griffes des lions

Le claquement des mâchoires

 

Je retire de mon corps

Les longues épines encastrées

Une à Une

 

Et du cristal des glaces,

Et d’étoiles, et des neiges

Lointaines

 

Je fabrique une épée invisible.

Invisible, mais précise.

 

 

Mā Thévenin, le 12/06/2021

 

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Ô Dieux et Déesses

 

Mères aux couteaux tirés
Mères aux naseaux fumants

 

/ Pierres de patience / Fils de Soie /

 

Mères dansant sur les braises
Mères aux chardons ardents

 

/ Glaise immobile / Boucles du temps /

 

Ni bien ni mal
La course du Soleil n’a aucun but
Les Reines se tiennent sur le chemin
Des Epines
Dans les cheminées du temps

 

NÔs Mères de Rage
Que Rien n’apaise
Ni le temps ni les Orages
De Grêles

 

Mères piétinant le feu
Martelant la Terre
Accaparées / S’accaparant
Les trésors / les vertus
Laissant les saints de glace 
Dans le marbre funéraire

 

Enfouissant leurs désirs sous les prières rituelles 
Les renoncements méritocratiques pour l’avènement d’un règne théocratique 
Les signes de la fin des Temps
Jésus, Jéhovah, Allah, Bouddha, Alibaba
Bulles de savon

 

Rien ne m’indiffère
Laisse les morts parler aux morts
Tourne-toi vers le présent.

 


Mā Thévenin, le 12/06/2021
 

 

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[Fukushima] Prière pour les morts/Hommage aux vivants - Performance de Mā Thévenin le 30/04/2021, Cruas, Ardèche

[Fukushima] Prière pour les morts/Hommage aux vivants - Performance de Mā Thévenin le 30/04/2021, Cruas, Ardèche

 

La chair du monde

 

 

Mon corps aux loups

Ma chair au monde

Mon sang à la pluie

Mon feu à l’océan

 

Et rien ne s’arrête de tourner

Le soleil cru découpe mes paupières

Au manège du vent

 

Les goëlands

Glissent

Les passants

Piétinent

 

Ils rentrent à la maison

Ils picorent

Les miettes de leurs Samedis

Les débris de leurs Dimanches

 

Le ciel claque

Et mon cœur se vide dans le sablier

Inexorablement

 

J’habite sur un parking

Où rien ne s’est passé

Rien de plus insignifiant que la mort

 

Rien de plus quotidien

Rien de plus invisible

Rien de plus banal

 

Que ce lent effacement

Que ce lent enlisement

Que ce lent ensablement

 

Où la nuit s’égrène

de son dernier souffle

 

Mā Thévenin, le 08/05/2021

 

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Kali

 

Avaler des Sabres

Sous les cuirasses d’Ors

Les écorces d’Anges

Les cendres Parfumées

 

Tapi dans le Nid Corps Obscur

Le cœur d’un moineau bat

Sous les lambeaux éphémères des plumes et des peaux.

 

L’amphore terrestre

La pulpe des doigts

L’argile souple et modelée

 

L’Incréée

 

Les Déesses de terre

Dans leurs corps de boue, dansent

Autoengendrées

 

Mā Thévenin, le 25/04/2020

 

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Barbe bleue

 

A la lisière des mots

- Tus -

Les coutures élastiques    de nos mensonges pudiques.

 

Evidant le néant, effleurant la peau,

Tu t’ensommeilles    de visions chamarrées,

De reflets miroitants   et de voiles    et de brumes…

 

Tu t’enfumes.

De volutes d’encens      pourpres et violines,

De lumières irisées      sur la nacre des peaux.

 

Sous la nudité crue    des corps absurdes,

Squelettes entrechoquant

D’un cliquetis étrange    leurs os

 

À la nuit dérobés, ensorcelés de Lune,

Des vallées dévoilant leurs iris violettes,

Le velours de loups tout brillant d’étoiles …

 

Mais sous le poison de tes rêves bleutés,

De jouvence luxuriante et de sources éternelles,

Je dépose ici,    gisante,     une fleur rouge sur la neige.

 

 

Mā Thévenin, le 16/11/2020

 

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Logos

 

Des échafaudages de mots jetés dans le Vide

Vers les étoiles

Et la peur de l’Inconnu

 

Structures complexes, arborescences logiques,

Dressées haut / Dressées Au-dessus / De nos Os

De nos gouffres en mouvement, nos terrains glissants,

Nos pentes dangereuses …

 

Constructions savantes, géométries hasardeuses et héroïques

 

Conjurant l’Aléatoire de nos Infiniment Petits

De    nos     Infi-Nie-Ment In-existants

De nos Indéfinis, désirant des états d’âmes

En dents-de-scies-infinitésimales

 

Minuscules trapèzes

être-anges volant sur des précipices

Comètes déroulant leurs longues queues de chiffres

déjà caduques

Nombres démembrés

glissant leurs trajectoires vers les Années-Lumière …

 

Les Années XXXX

(où X est l’Inconnue de nos intersections

le pluriel de nos multitudes

le vertige croisé de nos rencontres)

 

Pourrions-nous nous rassurer par des géométries planes, des repères et des dates ?

Des quantités mesurables ?

- Où est le Nous, est-il Somme, résonne-il en nous ?

 

Brindilles éparpillées et vagabondes,

Tourbillonnant de vagues en ressacs,

Parmi les Vestiges de l’Arbre

Qui nous avait servi de refuge…

 

Au Nom du Père

 

Mā Thévenin, le 18/10/2020

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Tao

 

Son visage d’enfant a projeté sur les murs

Les ombres de ses peurs

Et de ses illusions

 

L’une d’entre elle a mordu

Dans ma nuque comme dans la chair

D’un fruit

 

Tapie, immobile, j’attends

(Mille petites aiguilles plantées sous ma peau)

Que la mâchoire se desserre

 

Le « je » danse dans ses rêves,

Le pommier dort.

Le fruit mûrit.

 

Un essaim bourdonnant nous caresse et frelône

De ses mille yeux

La Nuit    au-dedans    ouvre ses paupières

 

La Nuit     tapissée de sel

La Nuit     aiguillée d’étoiles

La Nuit     agrandie

 

Dans le lent déroulement

De l’axe du ciel

L’aimantation d’un cœur aimant

 

La lune / polarise / la limaille / de nos veines

D’infimes poussières / s’ordonnent

Des fils minuscules / se tissent

 

[Constellations]  

  [Synapses]

 

De ses mille cordes chantantes

L’Univers nous traverse

Et construit sa toile

 

Dans les fils divins, argentés de lune,

Le Tao de l’araignée harpiste.

 

 

Mā Thévenin, le 15/09/2020

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Retours d’Expérience

 

Surfaces   de contacts.

 

Par les mille yeux   de l’hydre

Les mille reflets   du miroir brisé

Réfléchis

 

Enveloppés/développés

Le feu de l’âme   brûle dans l’âtre

Grêle / Frêle / Dansant

Tournoyant

 

Éreinté   à l’infini,

Le « Je » se pose

Ici, et là…

 

Papillon voletant   sans savoirs,

Sans vêtements, sans circonstances

Atténuantes

 

Éreintant   les rainures, les brisures

Enchevêtrant les fils

Démêlés

 

Feu dévorant la toile

Fragile  /  des papiers de Soies

Irisées et éparses

 

Ô Tendre Phoenix

Enveloppe-moi   dans la nuit   de tes cendres

Encore tièdes

 

 

Mā Thévenin, le 08/09/2020

POÉSIE

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Fruits rouges

 

Penchée aux fenêtres de la chambre mauve

Qu'est Ce qui est tombée

Au dehors ?

 

Dans les brumes bleutées de la nuit

Quelques pas ont laissé sur la neige

Des ombres violettes...

 

La ligne des cimes, quittant le jardin de roses

S’enfuie

Dans la forêt profonde

 

Écrabouillant les mures sauvages et les baies rouges

 

Il ne reste maintenant qu’à

Enlever les épines

Une à Une

 

Encre noire des échardes glissées sous la peau

Poussière des anges.

 

Mā Thévenin 16/07/2020

 

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La chambre mauve

 

 

Dans la chambre aux contours invisibles,
A l’ombre fraîche des reflets de neige 
Ultra-violets 

 

Derrière le miroir des blancs névés 
- ses lignes sur l’horizon, ses lents silences aux courbes froissées -

 

Sur les draps du dedans / sous les draps du dehors

 

J’enlace l’espace
D’un univers chiffonné
En quête de raccourcis et de points de contact

 

Remonte les toboggans des cascades de rires
Traverse des tunnels kaléidoscopiques
Ouvre la porte de labyrinthes aux jardins électriques 

 

Cherchant encore, Sans dessus-dessous
Où est le dedans, où est le dehors 
A travers le mince voile de la peau

 

(Où te retrouver intacte)

 

Sous l’onde diffuse, Ici et au-delà
Des fluides sonores et des fragments de Vie
Ce si vibrant Présent…

 

Retrouver Le Nid et la Voix d’avant 
Les dunes invisibles,
Les encres Violettes.


Mā Thévenin, le 11/07/2020

 

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POÉSIE

 

Sous les pierres, parmi les sucs d’ombre et de mousse

 

Je mets tous ces mots dans un sac,

sac d’os, sac de boues,

et puis du jus des myrtilles et puis je secoue sur la mousse...

 

Au pied des pierres, un nid d’humus.

Liqueur d’os-suaire

ambre et bois sauvage où sourd la Source.

 

Résurgence.

A l’ombre fraîche, os broyés,

lichens sauvages des améthystes.

 

Germination - lente -  

dans la saveur sucrée des tiges

Violettes...

 

Mā Thévenin, le 04/07/2020

 

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Cendres

 

Coquille de noix

Navigant sur le fleuve

Eve égarée / Evadée.

 

Enveloppe ouverte

Et vide

 

Œufs de poisson    tortue    escargots

Tout autour...

 

Laitance flottant - comme un embrun marin -

Trésor éparpillé.

 

Reconsidère la forme,

« Entre-deux »

 

La forme vide  

Aux cent contours

 

Cendres de plumes.

 

 

Mā Thévenin, le 20/04/2020

 

 

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L’effet papillon / L’empreinte envolée

 


De l’épaisseur d’un cil
Le baiser du papillon
Posé sur la tige

 

Envoûtement léger 
De la soie
De l’air qui poudroie

 

Elaguer le désir infime
D’une Présence
D’une Absence

 

Entre deux battements
De cils
Ce qui est - et déjà - n’est plus…

 


Mā Thévenin, le 08/04/2020
 

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Jusants

 

Éclatement 

 

Mère de toutes les muses
Grondements répétés des vagues
Échouées 

 

L’horizon comme le sol
Se retirent - et glissent
Sous les grains de sable 

 

Aspirés par la gravité

 

Claquement d’eau /emmurée 
Ecroulement.
Tapage.

 

Puis la mer se retire
Et laisse sécher au soleil
Ses linéaments

 

Mā Thévenin, le 08/04/2020

 

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Ondine

 

Rien.

 

Eboulement minuscule.
Cent mille grains de sable s’effondrent
Égrenant les secondes

 

Particules éparpillées dans le vide
Que ma main saisit – Rien.
Se referme

 

S’accrocher aux étoiles
Toute habitude sens dessus-dessous
Anticiper la chute

 

Ou bien

 

La fuite, dans l’eau profonde et noire
Mille reflets de lune glissant sur l’onde de choc
Evadées au-delà de l’été - luminescent

 

Soudains changements de paradigmes
Souffle en suspens
Avaler l’ombre épaisse d’obscures Atlantides

 

Dans le creux infime des avalanches
Dévalant les parois des grottes sous-marines
Echangeant les valeurs

 

Le blanc / le noir - l’envers et l’endroit
Le haut et le bas
Empreinte hirsute de l’absurde

 

Petite Ondine
Remonte le fleuve jusqu’à la source
Et tranche les liens

 

Avec l’éclat de ta lame sur tes écailles
Et le couteau du boucher taoïste
Entre les os de la Terre et du Ciel

 

Mā Thévenin, le 02/04/2020

 

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Navigateur

 

Seul au milieu des étoiles
Dérivant dans d’obscurs abysses
Cherchant un point solide de l’espace-temps

 

Un coin dur
Aux angles ouverts et saillants
Où est le « je », le « tu »

 

Cherchant la limite
D’un centre infini / mille périphéries
Ou le contraire

 

Tes doigts posés sur la table
Quelques millimètres carrés de respiration

 

Ne rien attendre
D’Autre

 

Que la pression atmosphérique sur ma peau
Les courbes infinitésimales d’une ligne de fuite
Et les oscillations du son

 

Chiennes de rage / Couchées à mes pieds
Dormant sur Ithaque.

 

Mā Thévenin, le 23/03/2020

 

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Chants magnétiques

 

Lents dedans / Au dehors
Vus

 

Evaluant des envolées
Validant des valeurs
Remontant le courant de nos veines
Jusqu’à nos cœurs / tapis / immobiles

 

Cachés,
Prêts à mordre,

 

Vérifiant des données (déjà vues)
Chavirant les vrilles de tes lobes auriculaires
Retournant au néant de tes entrailles.

 

Avenant / A venir / Envenimé

 

Manger l’herbe jusqu’à la racine des étoiles
Arracher l’obscur d’un coup de dents
Avides

 

Avaler le limon des fleuves / dévoiler des licornes

 

Nue - érodée et aride
Engloutir les ténèbres et tout l’univers
Gueule ouverte, fumante lave

 

Ereintée / Enlevée / Dévalée

 

Aimanter la limaille / Fer de la poussière
Ensemencer les champs quantiques
Revenir à rien -

 

A l’Essentiel -
Chants magnétiques...

 

Mā Thévenin, le 22/03/2020

 

 

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